12/22/2024

Comment expliquer la hausse du prix des gants jetables ?

Comment expliquer la hausse du prix des gants jetables ?

Gants jetables, un marché entre forte demande et des difficultés d’approvisionnement

À l’image de l’envolée des masques jetables (types masques chirurgicaux, masques FFP1, masques FFP2, masques FFP3) ces dernières semaines, les gants jetables (gants nitrile, gants vinyle, gants latex) connaissent une augmentation des prix. Pourquoi ? Éléments de réponse…

 

Points clés

 

Des prix multipliés par 6 ou 7

C’est un constat : le prix des gants jetables a considérablement augmenté. Il existe trois grandes catégories de gants à usage unique : les gants nitrile, les gants vinyle et les gants latex. Toutes ces gammes sont concernées. Certains fabricants ont multiplié par 6 ou 7 le tarif de leurs gants latex. Eux comme les analystes prédisent la poursuite de la tendance.

En effet, le marché affiche une très forte hausse. Le ministère de l’économie a annoncé qu’en France, la demande a été multipliée par 4. En fait, une véritable explosion mondiale de la demande comme le montre l’infographie suivante (source : Newell Brands).

Cette forte hausse est causée par le recours accru aux gants à usage unique ces derniers mois et la Covid-19. En effet, les professionnels de santé, les autres travailleurs opérants « en première ligne » et les nouveaux protocoles d’hygiène nécessitent de se protéger les mains.

 

Une capacité de production à 370 milliards d’unités pour un besoin mondial à 585 milliards

De l’autre côté, l’offre est très en deçà de la demande. Les stocks sont épuisés. « Les carnets de commandes ont augmenté de façon exponentielle en une courte période et sont chargés pour des mois encore » chez les fabricants comme Mapa, vGlove ou Camellia par exemple. Pour autant, ils sont bloqués par leurs propres capacités. Pour répondre au besoin, ils annoncent revoir au mieux leurs moyens de production mais restent limités.

Cependant, l’accumulation de charge de travail depuis des semaines ne se résoudra pas en quelques semaines. Pour exemple, ANSELL annonce un volume estimé pouvant être fourni par les fabricants mondiaux au maximum de leurs capacités à 370 milliards d’unités. Insuffisant quand on prévoit jusqu’à 585 milliards en besoin. Et pour cause, une usine de gants ne se construit pas aussi vite qu’une usine de masque (pour ne citer que ce type de produit). Et l’importateur Mutexil renchérit : « une chaine de masques est peu onéreuse et se monte en quelques semaines. Une chaine de gants coûte extrêmement cher et nécessite des mois pour sortir de terre. » Il faut jusqu’à une année pour construire une unité de production toute neuve et opérationnelle.

 

La raréfaction des matières premières

De plus, la grosse difficulté est que les fabricants de gants jetables font face à une pénurie de matières premières. C’est la justification principale de nos partenaires. MAPA, ANSELL et MUTEXIL les premiers. La Malaisie, premier pays du monde sur le sujet ne produit qu’un volume limité. Et ANSELL d’insister : « le caoutchouc acrylonitrile-butadiène (NRB) est soumis à une forte pression ». Ainsi, si le nitrile « contribue de manière significative à la croissance du marché », la matière connaît une rupture mondiale. De même, le vinyle – qui est plus protecteur – connaît lui aussi un souci de fourniture.

Et de fait, la matière première compte pour moitié dans le coût de fabrication du gant. À cela, il faut ajouter les charges de recherche & développement, la main-d’œuvre, l’emballage, les frais de transport et d’autres. On compte alors de nouveaux coûts liés à la production. Les salaires et primes de main-d’œuvre sont revus à la hausse. Les usines sont obligées de dépenser davantage en équipements de protection individuelle (achat de masques par exemple) pour leurs propres salariés. Tout comme la nécessité de davantage désinfecter leurs équipements. De même, les frais de logistique et de distribution augmentent.

La différence entre la capacité de production et la demande a fatalement un impact sur les possibilités d’approvisionnement et les délais de livraison. Illustration avec infographie ci-dessus (source : Maybank). Lecture : pour des gants latex chez Top Glove, s’il fallait compter 30 jours de livraison avant le début de la Covid-19, les délais sont passés à 10 mois en avril puis rapidement à près de 15 en août (au moment de l’édition de ce graphique). Aujourd’hui, les délais restent longs.

 

Vers des tarifs bloqués et un marché régulé ?

D’autres fabricants annoncent quant à eux négocier avec leurs partenaires de production de matière première pour bloquer les prix. Dans la même veine, des gouvernements et autorités sanitaires « prennent le contrôle du marché au comptant pour sécuriser l’approvisionnement ». La grosse difficulté de livraison est prévue jusqu’à début 2021 voire plus. Les fabricants annoncent faire le maximum pour sécuriser leurs propres approvisionnements d’ici-là. Ensuite, pour que la situation rentre pleinement dans l’ordre, il va falloir un à deux ans.

En résumé, la pandémie de Coronavirus a entrainé un très fort accroissement des besoins. Les capacités de production restant limitées, l’écart entre l’offre et la demande de gants jetables s’est amplifié d’un coup ces derniers mois. « L’offre n’est pas suffisante pour répondre à la très forte demande. » De plus, les matières premières restent limitées. Par conséquent, plus de coûts de production entrainent la hausse du prix de vente des gants jetables !

 

Ce qu’en dit la presse

Mi-août, France Info alertait déjà sur l’inquiétude des professions libérales de santé craignant « une possible pénurie de gants ». Pourtant, ces professionnels ont besoin de s’équiper vis-à-vis de la pandémie du moment. Par exemple, ne serait-ce que pour réaliser les fameux tests PCR. Ils avaient peur de devoir travailler « sans un équipement de protection individuelle complet ». Lire l’article de France Info.

Quelques jours plus tard, La Croix, RTL et le Huffington Post relayaient la même information. Ils relevaient l’inquiétude des professionnels de santé à se fournir normalement en gants jetables. Les prix étaient alors parfois multipliés par cinq. À l’époque, le retour à la normale du marché était espéré « d’ici deux à trois mois ». Lire les articles de La Croix, RTL, le Huffington Post.

Sud-Ouest le faisait remarquer début septembre, « comme pour les masques et le gel hydroalcoolique, la crise sanitaire a fait flamber […] les prix des gants jetables ». La Covid-19 a dopé les besoins. Outre les consommateurs habituels de gants jetables (secteur médical, industrie agroalimentaire, etc.), de nombreuses autres entreprises/commerçants inquiets s’équipent. Pour le quotidien régional, « les gants jetables deviennent objets de spéculation ». Lire l’article de Sud-Ouest.

Et Boursorama titrait quelques jours plus tôt : « le prix des gants jetables flambe ». Selon le Margma (fédération malaisienne des producteurs de gants), le pays a fabriqué l’année dernière plus de 60 % des gants au niveau mondial. « Nos prix sont ajustés pour refléter la forte demande du marché » martèle Top Glove. Lire l’article de Boursorama.


Sources : Stéphanie Bret (Protecthoms Metz), service achats (Protecthoms Château-Gontier), Mapa (Newell Brands), Ansell, Mutexil.

Crédits images et illustrations : Mapa (Newell Brands), photos libres de droits et Huffington Post.

Publié par Mathis Nouvel

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